La France est souvent présentée comme une bonne élève en matière de lutte contre le changement climatique, notamment grâce à son parc nucléaire qui lui permet de produire une électricité peu émettrice de CO2. Mais qu’en est-il réellement ? La France respecte-t-elle ses engagements internationaux et européens ? Comment se compare-t-elle à ses voisins ?
La France a respecté ses objectifs de baisse des émissions de CO2 en 2022
Selon les chiffres provisoires publiés par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), les émissions de gaz à effet de serre de la France ont atteint 404,4 millions de tonnes équivalent CO2 en 2022, soit une baisse de 3,5 % par rapport à 2021 et de 19,6 % par rapport à 1990. Ce niveau est conforme à l’objectif fixé par la stratégie nationale bas carbone (SNBC) pour 2022, qui était de 406 millions de tonnes équivalent CO2.
Voici une vidéo relatant ces faits :
La baisse des émissions en 2022 s’explique principalement par la réduction de la consommation d’énergies fossiles (-4,3 %), notamment dans les secteurs des transports (-5,1 %) et du résidentiel-tertiaire (-5,9 %), grâce aux mesures d’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables. La crise sanitaire liée au Covid-19 a également eu un impact sur l’activité économique et les déplacements, mais il est difficile d’en mesurer précisément l’effet.
La France émet moins de CO2 que ses voisins européens
En comparaison avec cinq pays européens (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Pologne), la France est le pays dont les émissions de CO2 liées à l’énergie par habitant sont les plus faibles. Selon les données d’Effy, un spécialiste de la rénovation énergétique, la France a émis 4,6 tonnes de CO2 par habitant en 2020, contre 8,7 tonnes pour l’Allemagne, 5,6 tonnes pour le Royaume-Uni, 5,3 tonnes pour l’Italie, 5 tonnes pour l’Espagne et 7,1 tonnes pour la Pologne.
Cette performance s’explique en grande partie par le poids du nucléaire dans le mix électrique français, qui représente environ 70 % de la production d’électricité. Le nucléaire est une source d’énergie décarbonée, qui n’émet pas directement de CO2 lors de la fission des atomes. En revanche, il génère des déchets radioactifs dont la gestion pose des défis techniques et financiers.
La France n’est pas exempte de critiques sur sa politique climatique
Si la France affiche des résultats encourageants en matière de réduction des émissions de CO2, elle n’est pas pour autant irréprochable sur sa politique climatique. Plusieurs rapports et études pointent du doigt ses insuffisances et ses incohérences.
Par exemple, l’Observatoire climat-énergie, développé par le Réseau action climat (RAC), montre que la France n’a pas respecté ses objectifs en termes d’émissions nettes de gaz à effet de serre en 2021. Les émissions nettes tiennent compte du CO2 absorbé par les sols et les forêts, qui jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat. Or, la France a dégradé son puits forestier depuis plusieurs années, ce qui réduit sa capacité à séquestrer le carbone.
Par ailleurs, la France est souvent critiquée pour son manque d’ambition sur le développement des énergies renouvelables. Selon l’Observatoire climat-énergie, la part des renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie n’était que de 19,3 % en 2021, loin de l’objectif de 23 % fixé par la loi de transition énergétique. La France accuse également un retard sur la rénovation thermique des bâtiments, qui représentent près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre.
Enfin, la France est régulièrement épinglée par le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative du pays, pour son inaction climatique. En juillet 2021, le Conseil d’État a donné six mois au gouvernement pour prendre des mesures supplémentaires afin de respecter la trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre prévue par la SNBC. Il s’agit d’une décision historique, qui fait suite à un recours déposé par la commune de Grande-Synthe et soutenu par plusieurs associations environnementales.
