Le glyphosate est le nom d’une substance active utilisée dans de nombreux herbicides, notamment le célèbre Roundup de la firme Monsanto. Il est accusé d’être cancérigène pour l’homme et nocif pour l’environnement. Son autorisation dans l’Union européenne (UE) expire le 15 décembre 2023. La Commission européenne a proposé de la renouveler pour dix ans, mais les 27 pays membres ne sont pas parvenus à se mettre d’accord lors d’un vote le 13 octobre 2023. Un nouveau vote est prévu en novembre, mais les positions restent très divergentes.
Quels sont les enjeux du glyphosate ?
Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au monde. Il permet de détruire les mauvaises herbes et de faciliter le travail des agriculteurs. Il est aussi employé par les jardiniers amateurs et les collectivités locales. Selon la Commission européenne, il n’existe pas d’alternative aussi efficace et bon marché sur le marché.
Voici une vidéo relatant cette nouvelle :
Mais le glyphosate est aussi très controversé. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé le glyphosate comme probablement cancérogène pour l’homme. D’autres études ont montré que le glyphosate pouvait perturber le système hormonal, affecter la biodiversité et favoriser l’apparition de plantes résistantes.
Quels sont les avis scientifiques sur le glyphosate ?
Face à ces accusations, la Commission européenne a demandé à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) d’évaluer les risques du glyphosate. Ces deux agences ont conclu que le glyphosate n’était pas cancérogène ni mutagène, mais qu’il fallait limiter son exposition et son utilisation.
Ces conclusions ont été contestées par plusieurs scientifiques, qui ont dénoncé des conflits d’intérêts, des erreurs méthodologiques et des données manquantes. Ils ont aussi reproché aux agences européennes de s’être basées sur des études financées par l’industrie, alors que le CIRC avait utilisé des études publiques.
Quelle est la position de la France sur le glyphosate ?
La France est l’un des pays les plus réticents à prolonger l’autorisation du glyphosate. Le président Emmanuel Macron s’est engagé à sortir du glyphosate au plus tard dans trois ans lors de son discours sur l’état de l’Union en septembre 2023. Il a aussi affirmé que la France voterait contre le renouvellement du glyphosate pour dix ans.
Mais lors du vote du 13 octobre 2023, la France s’est abstenue, comme six autres pays (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg et Grèce). Selon le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, cette abstention visait à maintenir la discussion ouverte avec les autres pays et à trouver une solution transitoire pour accompagner les agriculteurs vers d’autres pratiques.
Quelles sont les perspectives pour le glyphosate en Europe ?
Le vote du 13 octobre 2023 n’a pas permis d’atteindre la majorité qualifiée nécessaire pour valider ou rejeter la proposition de la Commission européenne. Sur les 27 pays membres, 16 ont voté pour, 9 se sont abstenus et 2 ont voté contre (la Belgique et Malte). Un nouveau vote est prévu en novembre, lors d’un comité d’appel.
Si aucune majorité qualifiée n’est obtenue lors de ce vote, la décision reviendra à la Commission européenne, qui pourrait prolonger l’autorisation du glyphosate pour une durée limitée. Mais cette issue serait contestée par plusieurs pays et par des associations environnementales, qui ont lancé une pétition citoyenne européenne pour demander l’interdiction du glyphosate. Cette pétition a recueilli plus d’un million de signatures.