L’écologie et la justice sociale sont deux aspirations légitimes et urgentes de notre époque. Pourtant, elles semblent souvent s’opposer ou se concurrencer. Comment faire pour que la transition écologique ne se fasse pas au détriment des plus fragiles ? Comment mobiliser les citoyens autour d’un projet commun qui réponde à la fois aux enjeux climatiques et sociaux ?
L’écologie, une question de justice
L’écologie n’est pas seulement une affaire de protection de la nature ou de réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est aussi une question de justice, car les conséquences du changement climatique et de la dégradation de l’environnement affectent davantage les populations les plus vulnérables, que ce soit au niveau local ou global. Selon le rapport du GIEC publié en août 2021, les impacts du réchauffement climatique sont déjà visibles et vont s’aggraver dans les prochaines décennies, entraînant des risques accrus de sécheresse, d’inondation, de famine, de migration, de conflit et de pauvreté.
Voici une vidéo relatant ces faits :
Face à ces menaces, il est donc impératif d’agir pour limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, comme le prévoit l’Accord de Paris signé en 2015. Mais il faut aussi veiller à ce que les efforts demandés pour atteindre cet objectif soient équitablement répartis entre les pays et entre les individus, en tenant compte des responsabilités historiques, des capacités actuelles et des besoins futurs de chacun.
La justice sociale, une condition de l’écologie
La justice sociale n’est pas seulement une affaire de redistribution des richesses ou de lutte contre les inégalités. C’est aussi une condition de l’écologie, car sans adhésion ni participation des citoyens, il est impossible de mettre en œuvre les transformations nécessaires pour opérer la transition écologique. Or, cette adhésion et cette participation dépendent largement du sentiment de justice et d’équité ressenti par les acteurs sociaux. Si les mesures prises pour réduire l’empreinte écologique sont perçues comme injustes, arbitraires ou imposées par le haut, elles risquent de provoquer du rejet, de la résistance ou de la violence.
C’est ce qu’a illustré le mouvement des gilets jaunes en France, né en 2018 à la suite de l’augmentation des taxes sur les carburants. Pour éviter ce type de conflit, il faut donc associer les citoyens aux décisions qui les concernent, leur garantir un accès égal aux biens communs et aux services publics, et leur offrir des alternatives crédibles et accessibles pour changer leurs modes de vie.
Des pistes pour concilier écologie et justice sociale
Concilier écologie et justice sociale n’est pas une tâche facile, mais c’est un impératif moral et politique pour construire un avenir soutenable et désirable pour tous. Pour y parvenir, il existe des pistes à explorer, à différents niveaux :
- Au niveau international, il faut renforcer la coopération et la solidarité entre les pays, notamment en matière de financement, de transfert de technologies et d’aide au développement. Il faut aussi faire respecter les engagements pris dans le cadre des accords multilatéraux sur le climat et la biodiversité.
- Au niveau national, il faut instaurer une fiscalité écologique qui soit progressive et redistributive, c’est-à-dire qui pèse davantage sur les plus riches et les plus pollueurs, et qui bénéficie aux plus pauvres et aux plus vertueux. Il faut aussi développer des politiques publiques qui favorisent la transition énergétique, la mobilité durable, l’agriculture biologique, l’économie circulaire, l’éducation à l’environnement, etc.
- Au niveau local, il faut encourager les initiatives citoyennes qui visent à réduire l’empreinte écologique et à renforcer le lien social, comme les associations, les coopératives, les collectifs, les réseaux d’échange, les monnaies locales, etc. Il faut aussi soutenir les projets qui valorisent les ressources et les savoir-faire locaux, comme les circuits courts, les jardins partagés, les énergies renouvelables, etc.
- Au niveau individuel, il faut adopter des gestes écoresponsables au quotidien, comme réduire sa consommation d’énergie, d’eau, de viande, de produits jetables, etc. Il faut aussi s’informer, se former et se mobiliser pour défendre les causes écologiques et sociales qui nous tiennent à cœur.