Le 29 août 2022, Yara et Northern Lights ont annoncé la signature du premier accord commercial au monde sur le transport et le stockage transfrontaliers du CO2. Il s’agit d’une avancée majeure pour la décarbonation de l’industrie lourde européenne, qui ouvre le marché du transport et du stockage du CO2 en tant que service. C’est aussi une étape importante vers la réalisation des objectifs de neutralité carbone de Yara, un leader mondial de la production d’ammoniac et d’engrais.
Comment fonctionne le projet de transport et de stockage du CO2 ?
Le projet consiste à capturer le CO2 émis par l’usine de Yara Sluiskil, située aux Pays-Bas, et à le transporter par bateau jusqu’à la Norvège, où il sera injecté et stocké de manière permanente sous le fond marin, à une profondeur de 2 600 mètres. Le CO2 sera capturé, comprimé et liquéfié aux Pays-Bas, puis chargé dans des navires spéciaux équipés de réservoirs cryogéniques. Une fois arrivé en Norvège, le CO2 sera transféré dans des pipelines sous-marins qui le conduiront jusqu’au site de stockage.
Voici une vidéo en anglais présentant ce projet :
Le projet repose sur la collaboration entre Yara et Northern Lights, qui est la partie transport et stockage du projet Longship, financé à 80 % par le gouvernement norvégien. Northern Lights est une coentreprise entre Equinor, Shell et TotalEnergies, qui vise à développer une infrastructure ouverte et commerciale pour le transport et le stockage du CO2 en provenance de toute l’Europe.
Quels sont les bénéfices environnementaux et économiques du projet ?
Le projet permettra de réduire les émissions de CO2 de Yara Sluiskil de 800 000 tonnes par an à partir de 2025, ce qui représente environ 10 % des émissions totales de l’usine. Yara Sluiskil a déjà réduit ses émissions de CO2 de 3,4 millions de tonnes par an depuis 1990, grâce à l’utilisation efficace de l’énergie et à la réutilisation du CO2 dans diverses applications, comme la production végétale en serre, les boissons gazeuses ou la fabrication d’urée et d’AdBlue.
Le projet contribuera également à accélérer la transition vers une production alimentaire sans carbone et vers la fourniture d’ammoniac pur pour la production d’énergie et de carburant. L’ammoniac est un vecteur d’énergie propre qui peut être utilisé pour alimenter des moteurs à combustion interne ou des piles à combustible, sans émettre de CO2.
Le projet aura également un impact positif sur l’économie européenne, en créant un marché pour le transport et le stockage du CO2 en tant que service. Il s’agit d’un outil clé pour la décarbonation de l’industrie lourde européenne, qui représente environ 20 % des émissions totales de CO2 de l’UE. Le projet ouvre la voie à d’autres entreprises industrielles qui souhaitent utiliser Northern Lights ou d’autres options et sites de stockage du CO2 dans la mer du Nord.
Quels sont les défis techniques et réglementaires du projet ?
Le projet implique des défis techniques importants, liés à la capture, au transport et au stockage du CO2. Il faut notamment garantir la pureté du CO2 capturé, assurer la sécurité et l’intégrité des navires et des pipelines utilisés pour le transport, et surveiller le comportement du CO2 injecté dans le réservoir souterrain.
Le projet implique également des défis réglementaires, liés au caractère transfrontalier du transport et du stockage du CO2. Il faut notamment respecter les normes environnementales et fiscales des différents pays impliqués, ainsi que les règles internationales sur le transport maritime et le stockage géologique du CO2. Il faut également assurer la traçabilité et la vérification des émissions évitées grâce au projet.
Quelles sont les perspectives d’avenir du projet ?
Le projet est prévu pour démarrer en 2025, avec une capacité initiale de transport et de stockage de 1,5 million de tonnes de CO2 par an. Cette capacité pourra être augmentée à 5 millions de tonnes par an à l’avenir, en fonction de la demande du marché. Le projet vise à devenir une référence mondiale pour le transport et le stockage du CO2, en offrant une solution sûre, rentable et durable pour la décarbonation de l’industrie lourde.
Le projet s’inscrit dans la stratégie de Yara de réduire ses émissions de CO2 de 30 % d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Il s’inscrit également dans la stratégie de l’UE de réduire ses émissions de CO2 de 55 % d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Il s’agit donc d’un projet pionnier et ambitieux, qui montre que le transport et le stockage du CO2 sont des outils essentiels pour lutter contre le changement climatique.