La pollution sonore est un problème majeur dans les grandes villes, qui affecte la santé et le bien-être des habitants. Pour y remédier, Paris expérimente depuis plusieurs années un bitume anti-bruit sur certaines rues de la capitale. Ce matériau innovant permet de réduire le bruit de roulement des pneus, l’une des principales sources de nuisance sonore. Quels sont les résultats de cette expérimentation et quelles sont les perspectives d’avenir ?
Un bitume anti-bruit pour absorber le bruit des véhicules
Le bitume anti-bruit est un revêtement routier composé de granulats de caoutchouc recyclé, issus de pneus usagés, et d’un liant spécifique. Ce mélange confère au bitume une structure poreuse, qui favorise l’absorption du bruit des véhicules. Le bitume anti-bruit est également plus souple que le bitume classique, ce qui réduit les vibrations et les chocs.
Voici une vidéo relatant les mesures prises par la ville :
Depuis 2019, 200 mètres de la rue Lecourbe, dans le 15e arrondissement de Paris, sont recouverts de ce bitume anti-bruit. Selon la mairie de Paris, cette expérimentation a permis de diminuer le bruit de roulement des pneus de trois décibels dans la première année suivant son installation. Cela équivaut à une réduction de moitié du bruit perçu en façade par les riverains. Le bitume anti-bruit présente également l’avantage d’être plus résistant à l’usure et aux intempéries que le bitume classique.
D’autres solutions pour réduire la pollution sonore en ville
Le bitume anti-bruit n’est pas la seule solution envisagée par la ville de Paris pour lutter contre la pollution sonore. La mairie de Paris a également lancé en 2020 un plan d’action contre le bruit, qui prévoit notamment de limiter la vitesse des véhicules à 30 km/h dans la majorité des rues, d’encourager les modes de déplacement doux comme le vélo ou la marche, ou encore de renforcer les contrôles des nuisances sonores liées aux chantiers ou aux activités nocturnes.
Par ailleurs, des chercheurs travaillent sur d’autres approches pour concevoir des quartiers résilients au bruit. Par exemple, l’architecte et chercheuse Cécile Régnaut mène un projet à Asnières-sur-Seine, visant à créer des barrières sonores naturelles grâce à l’agencement des immeubles et de leurs façades. Elle propose également d’utiliser des matériaux absorbants comme la végétation ou le bois, ou encore de jouer avec le relief du terrain pour minimiser la propagation du bruit.
Un enjeu majeur pour la qualité de vie en milieu urbain
La lutte contre la pollution sonore est un enjeu majeur pour la qualité de vie en milieu urbain. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le bruit est responsable de nombreux effets néfastes sur la santé, comme le stress, les troubles du sommeil, les maladies cardiovasculaires ou encore les troubles cognitifs chez les enfants. L’OMS recommande de ne pas dépasser un niveau sonore moyen de 53 décibels le jour et de 45 décibels la nuit pour préserver la santé des populations.
Avec le bitume anti-bruit et d’autres solutions innovantes, Paris espère réduire l’exposition au bruit de ses habitants et améliorer leur bien-être. La capitale française n’est pas la seule à s’intéresser à ce sujet : d’autres villes comme Amsterdam, Londres ou Stockholm ont également mis en place des mesures pour rendre leurs rues plus silencieuses.
