Dimanche 11 février 2024, un spectacle impressionnant a eu lieu à Saint-Avold, en Moselle. La plus haute tour de la centrale électrique Emile Huchet, qui culminait à 120 mètres, a été détruite par une explosion contrôlée. Il s’agit d’une étape symbolique dans la conversion du site du charbon à l’hydrogène, un projet ambitieux porté par GazelEnergie, filiale du groupe tchèque EPH.
Une tour de 10 000 tonnes de béton réduite en poussière
La tour aéroréfrigérante numéro 5, qui servait à refroidir l’eau utilisée dans le processus de production d’électricité à partir du charbon, n’est plus. En quelques secondes, elle s’est effondrée sous les yeux de centaines de curieux venus assister à l’événement. Quelque 200 personnes, dont des artificiers et des forces de l’ordre, étaient mobilisées pour ce foudroyage qui a eu lieu à 11 heures.
La destruction de cette tour, qui pesait 10 000 tonnes de béton, marque la fin d’une époque pour la centrale Emile Huchet, l’une des deux dernières centrales à charbon encore en activité en France, avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique). Ces deux centrales préparent leur conversion à la biomasse, mais le site de Saint-Avold veut aller plus loin et devenir une éco-plateforme tournée vers l’avenir.
Un projet d’hydrogène bas carbone et renouvelable
Le projet phare de cette reconversion est Emil’hy (pour Emile Huchet et hydrogène), qui doit permettre à l’horizon 2027 une production d’hydrogène bas carbone et renouvelable, par électrolyse de l’eau. Les études d’ingénierie sont en cours de finalisation et la concertation publique doit débuter fin février, a indiqué à l’AFP Camille Jaffrelo, porte-parole de GazelEnergie.
Voici une vidéo relatant cette nouvelle :
Le projet prévoit, pour 2030, une capacité totale de 400 MW et une production de 56 000 tonnes d’hydrogène par an. Dans un premier temps, la phase initiale devra alimenter en priorité l’aciériste allemand Saarstahl Hoolding Saar (SHS), situé en face. Il représente à ce jour un investissement de 780 millions d’euros.
L’hydrogène est considéré comme une énergie d’avenir, car il ne produit pas de CO2 lors de sa combustion. Il peut être utilisé comme carburant pour les véhicules ou comme matière première pour l’industrie. Toutefois, sa production nécessite beaucoup d’électricité, qui doit être elle-même décarbonée pour que le bilan environnemental soit positif.
Un pari sur l’écologie et l’économie
La conversion du site de Saint-Avold du charbon à l’hydrogène est un pari sur l’écologie et l’économie. Il s’agit de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de créer des emplois locaux dans un secteur innovant. Jean-Michel Mazalèrat, le président de GazelEnergie, a déclaré que le projet était une opportunité unique pour le territoire et qu’il visait à faire émerger une filière industrielle française de l’hydrogène.
La centrale Emile Huchet emploie actuellement environ 200 personnes. Elle doit cesser définitivement son activité au charbon en 2025, conformément à la loi énergie-climat qui prévoit la fermeture des dernières centrales à charbon françaises à cette date. Le projet Emil’hy devrait permettre de maintenir une partie des emplois et d’en créer de nouveaux.
La destruction de la tour de la centrale de Saint-Avold est donc un symbole fort de la transition énergétique en cours dans le pays. Elle témoigne de la volonté de se tourner vers des sources d’énergie plus propres et plus durables, tout en préservant l’activité économique et l’emploi.