Trop nombreuses sont les personnes qui, en situation de surpoids ou d’obésité, ne sont pas parvenues à maintenir une alimentation et un poids équilibrés après avoir eu recours à un ou plusieurs programmes d’amincissement. Plus qu’une solide résilience face aux tentations, ces personnes nécessitent un accompagnement médico-comportemental afin de prévenir d’éventuelles rechutes. Le suivi des facteurs psychologiques et comportementaux est, en effet, indispensable dans la réussite d’une perte de poids qui doit aboutir à l’amélioration de l’état de santé des individus.
La prise de poids résulte d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses d’énergie. La surcharge pondérale et l’obésité sont donc généralement dues à des apports caloriques excessifs, et à des dépenses énergétiques insuffisantes. Nos modes de vie actuels sont largement responsables de « l’épidémie » d’obésité qui déferle sur le monde. La recherche a néanmoins montré que la réalité est plus complexe, et que les causes de la prise de poids sont multiples. Il existe effectivement une prédisposition génétique à la prise de poids. Un individu a ainsi deux à huit fois plus de chances d’être obèse si des membres de sa famille le sont eux-mêmes. Plusieurs gènes impliqués dans la prise de poids et l’obésité ont d’ailleurs été identifiés. D’autres agents, comme certains médicaments ou encore la composition du microbiote intestinal, font aussi partie des facteurs potentiellement en cause.
Il est également démontré que l’environnement de vie, ainsi que de nombreux paramètres psychologiques, variables selon les individus, favorisent le surpoids : troubles du comportement alimentaire (grignotage, boulimie, consommation compulsive d’aliments très caloriques « réconfortants » en cas de stress, etc.), troubles anxieux ou dépressifs, périodes de difficulté psychologique ou sociale, diminution du temps de sommeil, arrêt du tabac, consommation d’alcool excessive… Les raisons de la prise de poids sont multiples, et exigent une prise en charge tout aussi large, à la fois médicale et psycho-comportementale.
Connaître les raisons de la prise de poids
Grand fléau de ce siècle, le surpoids est à l’origine du développement de sévères maladies telles que le diabète de type 2, de nombreux cancers, certains troubles musculo-squelettiques ou encore l’hypertension. Le risque d’apparition de maladies cardiovasculaires ou pulmonaires est également plus élevé.
La ligue contre l’obésité recensait en France en 2020 17 % des personnes adultes souffrant d’obésité, contre 15 % en 2012. Bien que les politiques publiques se soient saisies de cette épidémie mondiale, les stratégies de lutte contre l’obésité et le surpoids mises en place par les différents gouvernements n’ont pas eu le succès escompté. Ce sont pourtant des maux qui peuvent être guéris, mais qui peuvent surtout être prévenus.
Surcharge pondérale ne rime pas nécessairement avec « malbouffe ». Si une alimentation trop grasse et trop sucrée est la principale cause du surpoids, un mauvais équilibre alimentaire peut aussi être mis en cause. Une répartition inadaptée entre protéines, glucides et lipides saturés se traduit fréquemment par une prise de masse graisseuse. L’aspect nutritif n’est pour autant pas le seul critère à connaître et à prendre en considération dans la prévention et la lutte contre la surcharge pondérale.
Dans la mesure où les paramètres à l’origine de la prise de poids sont divers et variés, les actions mises en œuvre pour y faire face doivent également l’être. Aspects nutritif, médical et comportemental sont à regrouper pour lutter efficacement contre la prise, et la reprise de poids.
L’Anses a révélé que la reprise de poids concerne 80 % des sujets, un an seulement après avoir suivi un régime. Conséquences psychologiques (dépression, mésestime de soi, manque de confiance personnelle), risques sanitaires (diabète, cancers, maladies cardiovasculaires), les enjeux liés à la reprise de poids sont nombreux, et ont une répercussion tant médicale que psychologique. Adhérer à un suivi médico-comportemental pendant et après la perte de poids permet non seulement d’être accompagné efficacement, mais aussi de surveiller et prévenir la réapparition de risques sanitaires graves.
Lutte contre la reprise de poids : les moyens existent
Afin de maintenir les résultats obtenus dans le temps, il est nécessaire de poursuivre la phase de perte de poids par une phase dite de stabilisation, au cours de laquelle sont réintroduits des aliments nutritionnellement denses, riches en vitamines, en minéraux, en fibres et en acides gras insaturés. L’enjeu de cette réintroduction est de ne pas reprendre de mauvaises habitudes alimentaires, jusque-là bannies. L’élaboration, à l’aide d’un diététicien, d’un plan des besoins nutritifs du patient au cours de la phase de stabilisation est le moyen le plus efficace pour anticiper, prévenir et éviter une reprise de poids.
Ce type d’approche est par exemple mis en œuvre dans le cadre de la méthode RNPC (Rééducation Nutritionnelle et Psycho-Comportementale), avec une observation dans la durée publiée dans Obesity Medicine. L’efficacité de ce programme de stabilisation pondérale du Groupe Éthique & Santé, fondé par Rémy Legrand, a été étudiée sur une cohorte de patients atteints de surpoids ou d’obésité. Au terme de la phase d’amaigrissement, première étape du programme, 89 % des patients étaient parvenus à perdre 11 % de leur poids initial au bout de trois mois environ, un chiffre supérieur aux 10 % recommandés par la Haute Autorité de Santé (HAS). La phase de stabilisation qui s’en est suivie a démontré que ces mêmes patients n’avaient non seulement pas repris de poids, mais qu’ils en avaient même perdu davantage, justifiant d’une perte de 17 % de leur poids initial en 8 à 9 mois.
Ces chiffres très positifs font écho aux observations faites dans le cadre de la plus vaste étude européenne en matière de nutrition : DiOGenes (Diet, Obesity and Genes), laquelle a servi de fondation pour la conception de la méthode RNPC. L’étude recommande un suivi régulier par un professionnel de santé et une répartition spécifique en termes de macronutriments afin d’assurer une stabilisation pondérale pérenne. L’élaboration d’un objectif individuel de perte de poids (et de stabilisation) par un diététicien, en relation étroite avec le patient et son médecin traitant, est une condition indispensable pour obtenir une perte de poids à long terme aux bénéfices indiscutables sur la santé.
La perte de poids est un véritable défi pour les personnes en surpoids ou obèses. Les risques sanitaires et psycho-comportementaux doivent être placés au cœur du processus d’amaigrissement. Le trop fréquent « effet yoyo » est éradiqué grâce à la mise en place d’un suivi médico-comportemental, indispensable à la durabilité de la perte de poids, et à la guérison des maladies qu’engendre la surcharge pondérale. Une bonne nouvelle qui doit s’ancrer dans les faits.