Les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes et intenses à cause du réchauffement de la planète. Mais saviez-vous qu’elles ont aussi un impact négatif sur la qualité de l’air que nous respirons ? C’est ce qu’alerte l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son dernier bulletin sur la qualité de l’air et du climat, publié le 6 septembre 2023.
Un cercle vicieux entre chaleur et pollution
Lorsque la température augmente, l’air devient plus propice à la formation de certains polluants, comme l’ozone troposphérique. Ce gaz irritant se forme par réaction chimique entre les oxydes d’azote (NOx) et les composés organiques volatils (COV), émis notamment par les véhicules, les industries et les feux de forêt. L’ozone est nocif pour la santé humaine, car il peut provoquer des irritations des yeux, du nez et de la gorge, des difficultés respiratoires, de l’asthme ou des maladies cardiovasculaires. Il est aussi néfaste pour les écosystèmes et l’agriculture, car il réduit la croissance des plantes et diminue les rendements des cultures.
Voici une vidéo expliquant ce phénomène :
Mais ce n’est pas tout. La chaleur favorise aussi la dispersion des poussières du désert, qui peuvent voyager sur de longues distances et atteindre des régions éloignées. Ces particules fines sont également dangereuses pour la santé, car elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons et le sang, et causer des infections respiratoires, des cancers ou des accidents vasculaires cérébraux. Elles contribuent aussi au réchauffement climatique, en absorbant ou en réfléchissant le rayonnement solaire.
Ainsi, le changement climatique et la pollution de l’air s’alimentent mutuellement, créant un cercle vicieux difficile à briser.
Des exemples concrets en 2023
L’année 2023 a été marquée par plusieurs épisodes de vagues de chaleur extrêmes, qui ont entraîné une dégradation de la qualité de l’air dans de nombreuses régions du monde. En voici quelques exemples :
- En Europe, le mois d’août a été le plus chaud jamais enregistré, avec des températures dépassant les 40°C dans certains pays. Cette canicule a provoqué une hausse des concentrations d’ozone dans l’air, dépassant souvent les seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon l’OMM, des centaines de sites de surveillance ont enregistré des niveaux d’ozone supérieurs à 120 microgrammes par mètre cube (µg/m3), la valeur limite pour la protection de la santé humaine sur 8 heures. L’ozone a également causé des dommages importants aux cultures, notamment au blé, au maïs et au soja.
- En Amérique du Nord, les incendies de forêt ont ravagé le nord-ouest des Etats-Unis et le Canada, brûlant des millions d’hectares et émettant d’énormes quantités de fumée. Cette fumée a réduit la visibilité et la qualité de l’air dans plusieurs villes, comme New York ou Vancouver. Elle a aussi traversé l’Atlantique et atteint l’Europe, où elle a formé un voile grisâtre dans le ciel. La fumée contient des particules fines, du monoxyde de carbone, du benzène et d’autres substances toxiques, qui peuvent avoir des effets néfastes sur la santé à court et à long terme.
- En Afrique, les vagues de chaleur ont favorisé la remontée des poussières du Sahara vers le nord. Ces poussières ont atteint des niveaux anormalement élevés au-dessus de la Méditerranée et de l’Europe, où elles ont créé une brume jaunâtre. Les poussières ont aussi affecté la qualité de l’air dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, où elles se sont mêlées à la pollution urbaine. Les poussières peuvent avoir des impacts négatifs sur la santé, notamment en aggravant les maladies respiratoires et allergiques.
Comment lutter contre ce phénomène ?
Face à ce défi majeur pour la santé publique et l’environnement, l’OMM appelle à agir de manière coordonnée et intégrée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques. Il s’agit notamment de promouvoir les énergies renouvelables, les transports propres, l’efficacité énergétique et la gestion durable des forêts.
L’OMM souligne aussi le rôle de la végétalisation, qui peut contribuer à atténuer les effets des vagues de chaleur et de la pollution de l’air. Les espaces verts, comme les parcs, les jardins ou les toits végétalisés, peuvent offrir des îlots de fraîcheur dans les villes, en évaporant l’eau et en ombrageant le sol. Ils peuvent aussi capter le CO2 et filtrer certains polluants, comme les particules fines ou l’ozone. Des études ont montré que la végétalisation peut réduire la température et la concentration de CO2 dans l’air, ainsi que les risques de mortalité liés à la chaleur et à la pollution.